Les jeunes parents me demandent souvent s’il existe un écart d’âge idéal entre les enfants. Il n’y a pas de réponse standard. Avoir deux enfants d’âges rapprochés ne présente pas que des inconvénients. Ils peuvent jouer ensemble et tisser des relations complices. Mais la jalousie peut devenir difficile à gérer.
Par ailleurs, il est plus facile de s’occuper de deux petits, ce qui suppose des contraintes matérielles identiques (biberons, changes, horaires, promenade en poussette) que de résoudre des problèmes d’enfants d’âges totalement différents. Plus l’écart est faible entre deux enfants, moins la jalousie a de chances de s’exprimer physiquement, mais elle n’en existe pas moins de façon intense.
Gérer une grande différence d’âge entre les enfants
De la même manière, lorsque l’ainé et le cadet ont une grande différence d’âge, ce sentiment est moins exacerbé. Le plus grand joue le rôle de petit papa ou de petite maman vis-à-vis du bébé, qu’il a d’ailleurs souvent demandé. Ce sont les écarts moyens (trois ou quatre ans) qui risquent d’entrainer le plus de conflits. L’ainé a alors fait une expérience très consciente de la vie seul avec ses parents, il en a beaucoup profité et n’a évidemment nulle envie d’en perdre le privilège.
Mais il est bon de fonder une famille si l’on en a envie ! Il est clair que l’ainé doit être préparé la nouvelle naissance. Mais il ne faut pas oublier qu’un enfant a une notion du temps très différente de celle des adultes. Il est donc souvent illusoire de lui annoncer une nouvelle, si bonne soit elle, trop longtemps à l’avance. Neuf mois peuvent lui sembler une éternité, pensez-y. Il risque de se lasser d’attendre. Ne lui parlez donc pas trop tôt de votre grossesse. Laissez-le s’intéresser de lui-même aux changements de votre corps.
Faire prendre confiance à l’ainé
À partir du moment où cela se voit, expliquez-lui qu’un bébé est dans votre ventre, qu’il grandit en vous, que ce sera bientôt son petit frère ou sa petite sœur. Deux types de réactions peuvent alors s’observer, soit l’ainé manifeste son contentement, au point de caresser et d’embrasser votre ventre à la moindre occasion, soit il va montrer d’emblée un comportement agressif vis-à-vis de ce nouvel intrus. Certains enfants vont même jusqu’à taper le ventre de leur mère par jalousie !
Il est à noter que toute l’agressivité qui s’exprime très tôt fera moins parler d’elle par la suite. Il faut comprendre ces sentiments bien légitimes. Par ce comportement, votre enfant manifeste une peur fondamentale, celle de ne plus être aimé. À vous de lui expliquer que l’arrivée de ce bébé ne change rien l’amour que vous lui portez, qu’il est, et restera, unique pour vous. Il est donc important d’associer l’ainé à la naissance. Les règlements des hôpitaux et des maternités autorisent aujourd’hui la visite des frères et sœurs. L’ainé a besoin de savoir où vous êtes, de savoir que vous n’êtes pas malade et que tout va bien.
Présentez-lui le bébé en douceur
Cela contribuera à son équilibre affectif. Le retour la maison est un moment délicat pour l’ainé. Lorsque vous rentrez de la maternité, laissez-vous aller à manifester toute votre tendresse, il est si content de vous revoir. Vous pouvez lui offrir un cadeau pour lui montrer que vous avez pensé à lui pendant cette absence et qu’il n’y en a pas que pour le bébé. Malgré toutes vos attentions, votre ainé va vite prendre conscience qu’il n’est plus le seul centre d’intérêt de la famille.
Peut-être va-t-il avoir de la jalousie ! On peut se rappeler l’histoire de ce petit garçon de 3 ans, dont la maman venait tout juste de rentrer de la maternité, la petite sœur dans les bras. Il a eu ces mots immédiats : Oh, comme elle est mignonne, Léa, et petite, elle pourrait passer dans le vide-ordures ! Dans ce cas-là, le sentiment de jalousie s’exprime haut et fort. Selon les enfants, il peut être beaucoup moins ostensible et se traduire essentiellement par des modifications de comportement.